Je suis la méduse

Œuvre de Béatrice Fontanelle et Alexandra Huard.

Un très beau livre pour enfants et plus grands aux éditions « Les fourmis rouges ». Un livre tout en couleur à la façon d’estampes japonaises presque vivantes. Les couleurs sont vives et lumineuses. L’histoire d’une rencontre hors-norme entre une petite fille et une méduse et au-delà, l’histoire du lien qui se crée entre l’être humain et la nature, dés qu’il l’observe avec bienveillance et empathie.

La méduse est le personnage principal de cette histoire poétique et émouvante. A lire et à relire. Un ouvrage que je garderais avec soin dans ma bibliothèque.

Jetez un cou d’œil ci-dessous à cette magnifique animation de deux minutes créée par l’illustratrice pour présenter son travail et l’univers du livre.

ISBN : 978-2-36902-057-8.

Je suis la méduse from Alexandra Huard on Vimeo.

Pourquoi la bio ?

Face à l’immensité temporelle (à notre échelle) qui nous sépare de l’apparition de la première trace de vie sur notre planète, on ne peut que vaciller devant l’énormité de notre orgueil (oserais-je dire passé ?) à nous croire le centre du monde. Cette tentation sera toujours présente et seule la rigueur scientifique permet une autoanalyse critique de ce penchant idéologique fortement imprimé en chacun de nous. La classification phylogénétique nous montre que nous ne sommes pas une branche ou un tronc, nous sommes à l’extrémité d’une branche. Voici le buisson du vivant exposé au musée de confluences lors de l’exposition « origines » en 2015. Ici le lien vers le site du musée.

-Buisson du vivant annoté pour plus de clarté- Exposition « Origines » de 2015, Musée de confluences, Lyon,

La classification phylogénétique actuelle prend en compte l’évolution des espèces en s’appuyant sur les connaissances que nous avons désormais, issues de la génétique, des sciences moléculaires. L’évolution, grâce aux connaissances techniques la corroborant, n’est plus du tout discutable. Tandis que l’on redéfinie la frontière entre l’animal et le végétal (certaines formes de vie dépendant de la photosynthèse sans être autotrophes exclusivement), la biologie sous-marine nous renvoi aux premières heures de l’évolution de la vie. C’est dans un unique océan, au matin du premier jour du monde vivant, qu’est apparue la première forme de vie. C’est le milieu aquatique qui berce l’évolution depuis ce qui semblerait être environ 3,7 milliards d’années. Les plus anciennes traces remontent à 3,5 milliards d’années, avec l’apparition des cyanobactéries photosynthétiques (photosynthèse anoxygénique), retrouvées sous forme de fossiles de stromatolithes dans les strates géologiques de cette période de l’histoire de la terre. Je trouve ça incroyable que l’on puisse remonter aussi loin. Ou plutôt que ce soit l’histoire de notre planète qui remonte jusqu’à nous. Allez voir ce lien pointant sur le site de l’ENS de Lyon, article sur le sujet « stromatolithes » datant de 2007. Ces bactéries existent encore de nos jours. Elles ont survécu aux cinq grandes extinctions de masse de notre planète. L’océan protège le vivant, et le vivant y retourne même parfois lorsque les conditions ne lui sont plus suffisamment favorables sur terre.

En apprenant à comprendre cet autre univers qu’est le milieu aquatique et ces autres formes de vie qui le composent, c’est une part de la compréhension de ce qui fait LA vie que nous cherchons ensemble, le vivant. Avant de chercher ailleurs d’autres formes de vie, dans d’autres systèmes solaires, le plongeur bio peut se dire que son propre monde abrite des formes de vie bien plus variées et complexes que tout ce que la technologie humaine parviendra à nous faire découvrir au-delà de notre atmosphère. A moins que le milieu marin soit si chamboulé dans les décennies à venir que nous ne nous retrouvions plus qu’avec une mer de corps gélatineux. Mais là encore, je ne doute pas que nous trouvions encore notre bonheur en matière d’observation. Enfin, quand je dis nous… La grande communauté de plongeurs bio qui se sera encore davantage étoffée dans cet avenir qu’on nous vend si mal.

Banc de plongeurs

Travailler la bio, c’est interroger les plus expérimentés, et c’est surtout chercher, tracer, se questionner en s’appuyant sur des connaissances accumulées par nos prédécesseurs. La bio peut être une science participative où chacun amène de l’eau au moulin des scientifiques en accumulant des Données, trésor du 21ème siècle. Données sur lesquelles ils pourront s’appuyer pour leurs recherches (cf Estuaire de liens). Mais c’est aussi un champs perpétuel d’émerveillement, qu’on soit plongeur ou pas. En bio, on se rend compte au quotidien des beautés, pas si fragiles que ça, de la vie et la mort peut également s’enrichir d’autres sens.

Un grand sage de mon entourage, que je nommerais le Grand Sage Dudu, m’a dit lorsque j’ai commencé la plongée, à 13 ans, que si j’aimais plonger, c’était bien, mais que ce n’était pas suffisant pour garder cette passion toute ma vie. Autant vous dire qu’à l’époque je pense l’avoir regardé avec un air de merlan frit, moi et mon idéalisation du commandant Cousteau. Il a poursuivi en me disant que si je m’intéressais à la biologie, elle donnerait une dimension telle à ma pratique de la plongée que je ne décrocherais jamais, quels que soient les aléas de santé ou la lassitude à enfiler en grelotant une combinaison encore mouillée du matin, sur un parking verglacé, en me demandant ce qui me prend et si je ne suis pas un peu Mazo (bon là j’enrobe un peu, mais ça voulait dire ça. Il a surement été droit au but à l’époque, mais c’est ce que mon expérience de la plongée m’en a fait retenir…). Bref tout ça pour corriger son propos, au-delà de la plongée, c’est ma vision de la vie que la bio a changé, et je vous souhaite à tous de savourer chacun de vos apprentissages.

Plongez vers l’inconnu… « Deuxième étoile à droite et tout droit jusqu’au matin »