Mangez bon, Mangez BIO(logie) !

L’étude de la biologie sous-marine est un centre d’intérêt pour la vie, avec ou sans plongée sous-marine. Certains scientifiques ne plongent pas, d’autres si, certains amateurs de bio ne plongent pas, d’autres si. Certains amateurs sont des techniciens, administrateurs, secrétaires, comptables, scientifiques ou plombiers… Tous ces profils de personnes hétéroclites avec des façons de penser et des expériences de vies différentes font toute la richesse des sorties bio et des échanges ou présentations diverses que vous pouvez trouver autour de chez vous.

Personne ne peut dire : C’est bon, je sais tout.

Les recherches actuelles avancent à grand pas et l’observation de la faune et de la flore avec nos moyens technologiques amène à découvrir ou redécouvrir de nouvelles espèces et à synthétiser de nouvelles molécules utiles pour le progrès scientifique et technologique humain. Chacun peut participer à l’édification du savoir de demain en apportant sa pierre à l’édifice. L’enjeu des sciences participatives de demain : accumuler des données que les scientifiques pourront traiter grâce à l’informatique ( Combo Big data et machine learning). Je croise juste les doigts pour qu’on évite les clouds hors législation française pour le stockage des données, mais c’est le résidu informe de mon optimisme déliquescent qui parle. N’en tenons pas compte.

Comment travaillez-vous ?

Pour ma part, j’ouvre Doris, Bio obs, mes bouquins et j’agrège des données pour les faire miennes (Pour plus d’infos sur ces sites, voici la page « Estuaire de liens » ). cela peut sembler fastidieux, mais le plus simple est de partir d’un sujet qui vous intéresse et de bosser dessus. Autre moyen : Se motiver par la pression. En proposant par exemple de faire une présentation au niveau départemental ou régional, comme lors des Causeries bio FFESSM de Rhône-Alpes les mercredis soirs par exemple. Non, non, ça ne sent pas le vécu.

Je reste convaincue que la bio est un centre d’intérêt permanent et que le moyen de compléter sa pratique est de se documenter, de regarder des reportages, de dévorer des bouquins et de se tenir informé des découvertes récentes.

Soyez curieux de tout, audacieux dans vos entreprises, rigoureux dans vos apprentissages et surtout, bienveillants avec vous-même.

Long is the road… Mais vous n’avancerez pas en cowboy solitaire sur une piste poussiéreuse et presque effacée. Tant de personnes ont pris cette route, l’arpentent et l’arpenteront qu’elle est un lieu de rencontres et d’échanges avec pour limite de vue, l’horizon que vous vous concéderez.

Pourquoi la bio ?

Face à l’immensité temporelle (à notre échelle) qui nous sépare de l’apparition de la première trace de vie sur notre planète, on ne peut que vaciller devant l’énormité de notre orgueil (oserais-je dire passé ?) à nous croire le centre du monde. Cette tentation sera toujours présente et seule la rigueur scientifique permet une autoanalyse critique de ce penchant idéologique fortement imprimé en chacun de nous. La classification phylogénétique nous montre que nous ne sommes pas une branche ou un tronc, nous sommes à l’extrémité d’une branche. Voici le buisson du vivant exposé au musée de confluences lors de l’exposition « origines » en 2015. Ici le lien vers le site du musée.

-Buisson du vivant annoté pour plus de clarté- Exposition « Origines » de 2015, Musée de confluences, Lyon,

La classification phylogénétique actuelle prend en compte l’évolution des espèces en s’appuyant sur les connaissances que nous avons désormais, issues de la génétique, des sciences moléculaires. L’évolution, grâce aux connaissances techniques la corroborant, n’est plus du tout discutable. Tandis que l’on redéfinie la frontière entre l’animal et le végétal (certaines formes de vie dépendant de la photosynthèse sans être autotrophes exclusivement), la biologie sous-marine nous renvoi aux premières heures de l’évolution de la vie. C’est dans un unique océan, au matin du premier jour du monde vivant, qu’est apparue la première forme de vie. C’est le milieu aquatique qui berce l’évolution depuis ce qui semblerait être environ 3,7 milliards d’années. Les plus anciennes traces remontent à 3,5 milliards d’années, avec l’apparition des cyanobactéries photosynthétiques (photosynthèse anoxygénique), retrouvées sous forme de fossiles de stromatolithes dans les strates géologiques de cette période de l’histoire de la terre. Je trouve ça incroyable que l’on puisse remonter aussi loin. Ou plutôt que ce soit l’histoire de notre planète qui remonte jusqu’à nous. Allez voir ce lien pointant sur le site de l’ENS de Lyon, article sur le sujet « stromatolithes » datant de 2007. Ces bactéries existent encore de nos jours. Elles ont survécu aux cinq grandes extinctions de masse de notre planète. L’océan protège le vivant, et le vivant y retourne même parfois lorsque les conditions ne lui sont plus suffisamment favorables sur terre.

En apprenant à comprendre cet autre univers qu’est le milieu aquatique et ces autres formes de vie qui le composent, c’est une part de la compréhension de ce qui fait LA vie que nous cherchons ensemble, le vivant. Avant de chercher ailleurs d’autres formes de vie, dans d’autres systèmes solaires, le plongeur bio peut se dire que son propre monde abrite des formes de vie bien plus variées et complexes que tout ce que la technologie humaine parviendra à nous faire découvrir au-delà de notre atmosphère. A moins que le milieu marin soit si chamboulé dans les décennies à venir que nous ne nous retrouvions plus qu’avec une mer de corps gélatineux. Mais là encore, je ne doute pas que nous trouvions encore notre bonheur en matière d’observation. Enfin, quand je dis nous… La grande communauté de plongeurs bio qui se sera encore davantage étoffée dans cet avenir qu’on nous vend si mal.

Banc de plongeurs

Travailler la bio, c’est interroger les plus expérimentés, et c’est surtout chercher, tracer, se questionner en s’appuyant sur des connaissances accumulées par nos prédécesseurs. La bio peut être une science participative où chacun amène de l’eau au moulin des scientifiques en accumulant des Données, trésor du 21ème siècle. Données sur lesquelles ils pourront s’appuyer pour leurs recherches (cf Estuaire de liens). Mais c’est aussi un champs perpétuel d’émerveillement, qu’on soit plongeur ou pas. En bio, on se rend compte au quotidien des beautés, pas si fragiles que ça, de la vie et la mort peut également s’enrichir d’autres sens.

Un grand sage de mon entourage, que je nommerais le Grand Sage Dudu, m’a dit lorsque j’ai commencé la plongée, à 13 ans, que si j’aimais plonger, c’était bien, mais que ce n’était pas suffisant pour garder cette passion toute ma vie. Autant vous dire qu’à l’époque je pense l’avoir regardé avec un air de merlan frit, moi et mon idéalisation du commandant Cousteau. Il a poursuivi en me disant que si je m’intéressais à la biologie, elle donnerait une dimension telle à ma pratique de la plongée que je ne décrocherais jamais, quels que soient les aléas de santé ou la lassitude à enfiler en grelotant une combinaison encore mouillée du matin, sur un parking verglacé, en me demandant ce qui me prend et si je ne suis pas un peu Mazo (bon là j’enrobe un peu, mais ça voulait dire ça. Il a surement été droit au but à l’époque, mais c’est ce que mon expérience de la plongée m’en a fait retenir…). Bref tout ça pour corriger son propos, au-delà de la plongée, c’est ma vision de la vie que la bio a changé, et je vous souhaite à tous de savourer chacun de vos apprentissages.

Plongez vers l’inconnu… « Deuxième étoile à droite et tout droit jusqu’au matin »